Mai 2019
Trajet : El Calafate – Bariloche ; 1465km ; RN40 ; départ 19h – arrivée 21h30 (J+1)
San Carlos de Bariloche est une ville située toujours en Patagonie mais beaucoup plus au nord. Le trajet en bus a duré presque 27h… comment dire … c’était quand même très très long. La première partie est plutôt passée vite puisque nous avons réussi à dormir jusqu’au lever du soleil. On nous a servi plusieurs snacks et puis la journée dans le bus s’est passée paisiblement entre sommeil, lecture, film et jeux. On avait chargé à bloc toutes nos batteries : téléphones, iPad, ordi, chargeur externe… Les enfants ont été quand même très sympas. Il y avait de nombreux français dans le bus et les trois dernières heures ont été les plus terribles, passant très lentement. Nous sommes arrivés de nuit à San Carlos de Bariloche. Nous avons tous pris un taxi direction l’auberge de jeunesse réservée à l’avance. L’auberge ressemblait à un petit chalet chaleureux et les hôtes étaient accueillants. Ils servaient même une bière artisanale qui nous a fait du bien en arrivant. Oui, je sais, décidément on boit beaucoup de bière en Argentine, plus que du vin, à mon grand étonnement ! Même si nous avions été en position semi allongée pendant 27h nous étions fatigués. Nous sommes vite allés nous coucher dans un vrai lit.
San Carlos de Bariloche et le parc national Nahuel Huapi:
Bariloche s’étend le long du lac Nahuel Huapi. En hiver, c’est la station de ski huppée des argentins. Cet endroit est souvent appelé la petite suisse argentine. On comprend pourquoi : des montagnes, des lacs, des sapins, des chalets en bois et … du chocolat !!! Pour le déjeuner la guichetière de la gare routière nous avait recommandé une adresse appelée El Rey del pollo. Cet endroit ressemblait à une caverne d’Ali baba : des empanadas qui avaient l’air toutes plus bonnes les unes les autres, des plats préparés, des sandwichs associant viande milanaise (viande panée), œuf et jambon. Nous avons acheté tout un tas de bonnes choses à emporter et avons dégusté tout cela dans la voiture.
Rapidement après avoir dévoré notre déjeuner nous avons pris la route direction le parc Llao-llao. La route qui longeait le lac Nahuel Huapi était magnifique, toujours les couleurs automnales flamboyantes des arbres. Après avoir garé la voiture nous avons pris le chemin de randonnée qui parcours le parc Llao llao. Llao llao est le nom d’un parasite qui attaque le bois. L’arbre se défend en formant d’énormes « verrues » ou « noeuds de bois » sur les branches atteintes pour éloigner le parasite des veines où passe la sève. Nous avions constaté à de nombreuses reprises ces fameuses excroissances des arbres. Nous avons d’abord fait l’ascension du cerro llao llao (cerro = montagne). D’en haut nous avions une très belle vue sur le lac, ses méandres et les montagnes de sapins.








Pour l’instant les forêts de la terre de feu et du sud de Patagonie étaient plutôt composées d’arbres appelés nothofagus où la couleur des feuilles nous avait émerveillé. Autour de Bariloche les forêts étaient composées plutôt de conifères. Après l’ascension nous avons poursuivi le chemin de randonnée dans la forêt pour faire une boucle de 14km. C’était très beau. Nous avons observé des arbres appelé arrayánes. Ils ont une écorce aux teintes variants du blanc au rouge. C’était étonnant.

De retour à notre sympathique auberge nous avons eu la joie de regarder tous les 4 (adultes.. les enfants regardaient un dessin animé à côté ) .. le 4ème épisode de GOT (Games of Thrones). Le charmant hôte nous a trouvé une version en anglais sous titrée français qu’il a pu transmettre sur grand écran rien que pour nous … nous étions heureux. Depuis plusieurs jours les discussions allaient bon train sur les hypothèses de fin de cette incroyable série. ..et oui on peut être au bout du monde mais avoir envie de suivre les aventures de John Snow et Daenerys …
Nous avons poursuivi notre découverte du Parc national Nahuel Huapi plus au nord en prenant la route d’abord jusqu’à Villa Angostura. C’est une petite ville touristique située entre lacs et montagnes. L’endroit est très beau. En hiver c’est aussi un lieu de villégiature pour les skieurs argentins.


Nous avons mangé un bon sandwich en bordure de lac puis nous avons poursuivi notre route plus vers le nord en prenant la route des 7 lacs. Il y a de nombreux points de vue le long de la route.
Nous avons fait un stop pour marcher un peu dans la forêt en prenant un sentier où nous partions d’un lac pour arriver à un autre lac (Sendero del lago espejo al lago Correntoso). Nous étions seuls au monde. Au début de la rando il y avait d’énormes buissons de ronces … pleins de mûres bien noires .. tout au long du chemin nous avons croisés des bambous en quantité. Ceux ci étaient en fleurs et paraissaient fanés. Nous avons appris par la suite que la floraison des bambous entraînait quelque temps après, leur mort. Et tous les bambous provenant du même rhizome subissaient alors le même sort. Un suicide collectif de bambous! La floraison arrive ainsi une fois tous les 60 à 100 ans .. !. Après cette magnifique route nous sommes arrivés à la ville de San Martín de los andes.











San Martin de Los Andes et le Parc National Lanin:
Après notre habituel passage à la maison du parc national où l’on a récupéré tout un tas d’informations intéressantes (et de prospectus! ), nous avons choisi de faire l’ascension du cerro colorado. Notre choix s’est porté sur une randonnée décrite comme plutôt facile de 5h AR. Nous étions les premiers sur le chemin de randonnée. Le temps était frais, nuageux mais avec de belles éclaircies. Nous avons fait l’ascension en 2h au lieu de 3 mais … ça a été vraiment dur ( je parle pour moi…) un sacré dénivelé en peu de temps donc une ascension bien raide.
En haut nous sommes arrivés au niveau du cratère d’un volcan éteint. On retrouvait des roches volcaniques aux teintes étonnantes : violette, rouges, orange. Arrivés au sommet il soufflait un vent froid … nous n’y aurions pas tenu 5 minutes s’il n’y avait pas eu un abri fabriqué en pierres volcaniques qui protégeait parfaitement du froid !
Une fois notre sandwich vite avalé nous avons attaqué la descente pour nous réchauffer. De plus un nuage bien accroché à la montagne nous gâchait la vue, il fallait descendre de quelques mètres pour retrouver l’horizon des montagnes.
Les enfants ont fini la rando en courant nous attendant au parking. J’en avais plein les jambes mais encore une fois une bonne satisfaction de l’effort accompli. Nous avons mangé de délicieuses glaces dans le centre de San Martín et nous sommes fait d’exquises pizzas maison pour le dîner.
Le jour suivant nous avons passé une incroyable journée toujours dans le parc Lanin. Le premier jour nous nous étions renseignés au bureau du parc national et la gentille dame nous avait conseillé la rando du cerro colorado que nous avions faite la veille. Elle nous avait dit que la rando était facile alors qu’elle était plutôt difficile. Donc, pour cette deuxième journée nous étions un peu méfiants envers les conseils prodigués par cette charmante dame. Nous souhaitions aller jusqu’au lac Queñi au bord duquel nous pouvions faire une randonnée d’une heure nous amenant jusqu’à une source d’eaux thermales. Et oui ! Cela existe même en Patagonie. Plutôt enchantés de pouvoir nous baigner dans des sources chaudes cette perspective nous plaisait bien mais en regardant de plus près les cartes il semblait que le chemin pour nous y rendre n’était pas aussi facile que ça en avait l’air. Une route de terre et possiblement plusieurs passages de rivières. Nous avions une grosse voiture mais pas un 4×4.. nous sommes donc retournés à la maison du parc et celle ci était fermée car nous étions samedi. Nous avons décidé de prendre la route quand même et de nous renseigner en chemin. La route devenait vite une route de terre et cailloux et les paysages étaient toujours aussi beaux que la veille. Nous nous sommes arrêtés auprès d’un premier « quardaparque ». C’est le nom en espagnol du garde forestier qui vit dans une cahute en bois au milieu du parc et il est habituellement de bon conseil. Le quardaparque a appelé son homologue près du lac Queñi avec son talkie-walkie. Le chemin semblait praticable donc nous avons poursuivi notre route. Nous avons traversé plusieurs ponts, des montées et des descentes sur des terrains tantôt boueux, rocheux ou glissants presque sans patiner puis plusieurs petites rivières que nous avons également pu traverser. En arrivant près du lac Queñi nous avons retrouvé le quardaparque qui avait été appelé au téléphone. Toujours très sympathique il nous a expliqué que nous pouvions aller en voiture jusqu’au camping sauvage situé plus loin au niveau du départ de la randonnée mais qu’il y avait une rivière à traverser. Celle-ci était plus grande que les précédentes et il nous conseillait de laisser la voiture avant et de la traverser à pied. Nous avons donc suivi ses conseils et nous voilà donc en train d’enlever chaussettes et chaussures pour pouvoir atteindre l’autre bord et accéder à notre chemin de randonnée. Les premiers courageux furent Emilio et Astrid. Emilio a poussé quelques cris mais a traversé sans paniquer l’eau montait jusqu’à ses genoux. J’ai fait de même ainsi que toute la troupe et, mon Dieu, qu’est ce que c’était dur !! Jamais je n’aurai imaginé que cela faisait aussi mal. L’eau glacée m’a raidi les pieds, les a endolori d’une façon terrible.. je n’étais pas fière en arrivant de l’autre côté. Je ne m’étais pas imaginée que cela ferait si mal, juste l’eau glacée, et encore moins d’imposer cette douleur à mes enfants. Ce fut plus un défi pour eux et ils l’ont relevé avec beaucoup de courage.
Après toutes ces épreuves, avoir séché nos pieds et remis chaussettes et chaussures nous avons enfin pu commencer notre randonnée vers les sources chaudes. Le sentier longeait le lac Queñi et offrait des panoramas superbes.
L’eau du lac avait des teintes bleu pétrole incroyables. La randonnée était de 4km et consistait en une succession de montées et de descentes. Une petite bruine s’est mise à tomber pour compléter notre tableau idyllique, mais du fait de l’épaisseur des arbres nous ne savions même plus si c’était de la pluie ou juste l’humidité des arbres. Pour couronner le tout nous avons croisé des vaches avec un taureau énorme qui bloquaient complètement le chemin. Ils étaient très impressionnants et nous n’étions pas très rassurés. Après avoir essayé plusieurs tentatives pour les effrayer ils sont aimablement sortis du chemin. Nous avons pu continuer notre route. Imaginez que nous étions dans un endroit où l’on accède par deux heures de piste en terre, hors période estivale et avec une rivière à traverser à pied donc autant vous dire que nous étions seuls au monde !! Nous avons fini par arriver aux sources chaudes. En effet, l’eau fumait et coulait en formant de petits bassins propices à la baignade. Nos sandwichs avalés nous avons tous foncé dans l’eau. Imaginez quand même l’organisation de devoir se déshabiller quand on a une première couche thermique, la polaire, la doudoune, le coupe vent .. se retrouver en maillot de bain par 8 degrés… c’était unique et très rigolo aussi !!
L’eau était vraiment très chaude et nous aurions pu y rester des heures mais nous avons assez vite dû reprendre le chemin du retour. Tous se rhabiller, reprendre le sentier .. nous avons d’ailleurs marché à une vitesse incroyable .. véritable trail plus qu’une balade. Nous avions tous dans nos têtes le souvenir de la route aller qu’il fallait prendre en retour et surtout avant la nuit. Le deuxième passage de la rivière fut globalement plus compliqué .. dans cette journée nous sommes vraiment passés par des températures extrêmes… nos pauvres pieds … Nous manquions tous d’un peu de jus, d’énergie et nous nous sommes tous retrouvés dans la voiture tremblants à nous réchauffer mais heureux de toutes ces aventures !! Le retour en voiture sur les chemins terreux, les gués … fut plus facile mais nous avons bien mis deux heures pour rejoindre San Martín de los andes en plus d’avoir été bloqué quelques minutes par une vache allaitant son petit et qui ne voulait pas nous laisser passer. La nature est reine .. on s’est senti petit devant ces paysages grandioses.
La cerise sur le gâteau de cette incroyable journée fut à l’arrivée à San Martín. Nous étions presque arrivés à la maison quand une voiture nous a doublé en klaxonnant. Sortant de la voiture nous avons découvert que le pneu arrière droit était crevé.. Pas de bol .. après toute cette route caillouteuse c’est en ville que nous avons crevé un pneu. En regardant de plus près le pneu a été crevé par un clou.. Marco a mis la roue de secours. Nous avons cherché un garage pour réparer le pneu mais ce fut peine perdue à 19h un samedi soir … Après une bonne bière 🍻 , un gros plat de pâtes nous étions tous lessivés ! Mais quelle journée !!
Le parc naturel Lanin est magnifique et nous en avons découvert qu’une infime partie. Il est très peu connu et peu répertorié sur les blogs mais foncez !! C’était magnifique, il y a de nombreux lieux de camping gratuit en pleine nature et des centaines de randonnées à faire le tout dans un environnement grandiose !! Si cela vous intéresse allez sur leur site où toutes les randonnées sont très bien détaillées (www.pnlanin.org).
Nous aurions pu rester encore plusieurs jours tellement le parc Lanin est immense mais nous avons repris la route vers Bariloche où nous devions rendre la voiture. Une petite question restait à régler. Nous étions dimanche et nous avions 3h de route à faire avec une roue de secours qui ressemblait à une galette pas très solide. Nous avons fini par aller à la concession hertz de San Martín malgré notre crainte qu’on nous fasse payer une roue de secours plutôt que de juste la réparer. Nos craintes étaient infondées puisque l’agence a pris en charge le changement de pneu rapidement et en 30 minutes l’affaire était réglée et tout le monde rassuré. Avant de prendre la route du retour nous nous sommes arrêtés acheter le déjeuner que nous pensions manger en route. Astrid nous a dégoté un petit restaurant de vente à emporter d’empanadas. Ils ne faisaient que ça. Nous en avons acheté une douzaine de saveurs différentes et ça sentait tellement bon qu’on a préféré les dévorer tout de suite. Elles étaient succulentes !! A la viande ou tout simplement jambon fromage en passant par des saveurs plus originale comme jambon fumé prune ! Trop trop bon ! La vendeuse vendait aussi des pots pour le mate qu’elle peignait elle même. Marco en cherchait un depuis notre arrivée en Argentine. Le sien était tellement joli qu’elle a bien voulu le lui vendre. Le mate est la boisson reine ici, bue par tous les argentins, qui consiste à mettre dans le pot des feuilles de mate avec de l’eau chaude (mais pas bouillante!) et à le boire avec une petite paille métallique spéciale.
Malgré la pluie nous avons fait le choix de ne pas reprendre la route des 7 lacs prise à l’aller mais de prendre un autre chemin qui passait par Villa Traful. C’est encore un conseil que nous avait donné la dame de la maison des Parcs et jusqu’à maintenant ses conseils étaient plutôt avisés même si elle minimisait un peu la difficulté. La route via Villa Traful devient vite une piste de terre mais plutôt de bonne qualité. Nous avons fait une pause café à Villa traful qui est plutôt un petit village. Jusqu’alors la route était toujours magnifique entre montagne, arbres « en feu » et lac, il y avait notamment un point de vue incroyable avec un vent de dingue ! Les rayons de soleil sortaient en faisant des puits de lumière sur le lac. C’était très beau.







Après, les paysages ont changé du tout au tout. Les montagnes sont devenues plus rocheuses avec des pics et parois abruptes. Les feuillus et conifères ont laissé place à de petits arbustes et à un paysage plus aride. Le soleil est réapparu et ces somptueux paysages nous ont suivi jusqu’à Bariloche.



De retour à Bariloche nous logions dans une très sympathique auberge de jeunesse face au lac. Nous avons partagé une bière puis un super dîner tardif tous ensemble dans la salle commune. Côtes d’agneau pour Astrid, son plat préféré, bien grillées et nous avons goûté une pièce de bœuf appelé matahambre ( tue la faim)… ça donne pas forcément envie comme ça mais c’était délicieux ! C’est avec tristesse que nous avons quitté Astrid et Justine le lendemain après trois semaines partagées ensemble. Nous n’oublierons pas tous ces moments d’échange. Elles ont supporté nos choix musicaux en voiture d’Aldebert ( que je suis sure qu’elles ont adoré 😆 ) à notre playlist spéciale TDM. Elles ont découvert le plaisir de faire l’école aux enfants… et merci Justine pour ta patience avec Emilio. Merci notamment d’avoir réussi à lui apprendre à faire seul ses lacets, ce à quoi nous avions échoué depuis 9 mois. Que de kilomètres parcourus à pied sur les sentiers; si elles n’avaient pas été là je suis sure que lespazpartout n’aurait pas autant marché !